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BETSIAMIS

s’adresser au Saint-Siège, pour réclamer justice ! et Mgr Racine, lors de son premier voyage à Rome, en 1882, eut, sinon à se défendre, du moins à donner des explications sur l’affaire très étrange dont l’on se trouvait saisi.

Les idées ont leur développement propre, suivant les règles plus ou moins bien appliquées de la logique. L’idée de Leroy accomplit aussi son évolution. Il en est venu au point de réclamer pour le P. Arnaud la succession de Léon XIII au souverain pontificat ! Il est évident que l’injustice commise à son égard en 1878 se trouverait de la sorte parfaitement réparée. Seulement, la longévité inattendue de Léon XIII, qui a déjà vu mourir tant de ses « successeurs », a déjoué les plans de Leroy et de bien d’autres.

En tout cas, le P. Arnaud a supporté avec la résignation la plus admirable la privation de la mitre épiscopale, et même celle de la tiare pontificale. Il pousse l’héroïsme du sacrifice jusqu’à regarder sa candidature à l’épiscopat et au souverain pontificat comme l’épisode le plus gai de sa longue carrière.

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Beaucoup de lecteurs vont penser ici que j’ai épuisé mon sujet, et que j’ai dit tout ce qu’il y avait à dire du P. Arnaud et de Betsiamis. Eh bien, il me reste encore à parler d’une œuvre du P. Arnaud, qui, bien que fort profane, n’est pas le chapitre le moins important de sa biographie.

Il fut un temps où il était de mode de regarder l’Église comme ennemie de la science ; tous ses efforts, disait-on volontiers, tendent à maintenir le monde dans l’ignorance. — Sans doute, c’était faux ! Et de toutes les pages de l’histoire depuis l’ère chrétienne, s’élevait un unanime démenti à ces assertions mensongères. Toutefois, l’accusation était de nouveau et constamment lancée partout, à l’encontre des faits ; elle faisait toujours quelques dupes, par-ci par-là. C’est que messire Satan, qui sait parfaitement combien le succès final de sa