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LABRADOR ET ANTICOSTI

tants. En effet, les anglicans ont des écoles régulières à Saint-Paul, à La Tabatière, à la Baie-des-Moutons et à Harrington ; en outre, des « students » se transportent d’un endroit à l’autre, et passent dans les principaux villages tout le temps qu’il faut pour donner aux enfants les rudiments de l’instruction primaire et de la science religieuse. C’est que les protestants reçoivent des sociétés bibliques d’abondants secours pour cette œuvre de l’instruction populaire.

Au contraire, les missionnaires catholiques ne peuvent compter, pour l’organisation de l’enseignement chez leurs ouailles, que sur les subventions reçues du gouvernement provincial ; et ces subventions sont bien loin de suffire à ce qu’il faudrait.

Ce qui rend l’état des choses encore plus difficile à améliorer, c’est que les familles catholiques sont rarement groupées ensemble, mais qu’elles sont plutôt échelonnées tout le long de la côte. Il n’est pourtant pas possible de créer une école pour chaque famille ! Et puis, que faire lorsque tout le monde est dispersé sur les îles, durant la saison de la pêche, c’est-à-dire durant la moitié de l’année ?

Enfin, comment recruter des instituteurs et des institutrices qui, pour un salaire fort médiocre, s’en iront volontiers habiter un pays dont s’accommodent ceux qui y sont nés, mais qui paraît bien ingrat aux gens du dehors ? Le recrutement du corps enseignant est déjà, on l’a vu, bien difficile sur la côte du Labrador de l’ouest. Que doit-il donc en être du bas Labrador ?

Il y a parmi nous des gens qui, surtout depuis quelques années, font étalage d’un zèle dévorant pour la belle cause de l’instruction publique. Eh bien, voilà un coin de la Province qui s’offre de lui-même comme un digne théâtre de leur dévouement. Puissions-nous les voir s’efforcer à diriger vers ce territoire des instituteurs et des institutrices, provoquer de généreuses aumônes pour une œuvre si nécessaire, et surtout engager le gouvernement provincial à pourvoir largement aux dépenses qu’il