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GENS ET CHOSES DU LABRADOR ORIENTAL

Pas un hameau de cette région ne jouit de l’organisation municipale même la plus élémentaire. Et, ce qui est encore plus étonnant, c’est qu’il n’y a pas même de juges de paix sur cette côte.

Le seul officier de justice, dans tout ce pays du Labrador, c’est le magistrat de district nommé pour le comté de Saguenay. Mais, il ne fait que passer sur la côte une fois par année. C’est tant pis pour les gens qui commettent quelque délit après sa visite ; ils auront à attendre longtemps pour se faire juger ! Quand il survient quelque difficulté ou conflit dans les questions de pêche, le commandant du croiseur La Canadienne a l’autorité nécessaire pour en connaître.

Seuls, deux garde-pêche, qui résident l’un à Bonne-Espérance, et l’autre à Coacoacho, représentent de façon permanente la majesté des lois en ce pays reculé.

* * *

En ce temps, où l’on est à peine digne de vivre, si l’on ne sait lire et écrire, si l’on ne connaît l’histoire, la géographie, la tenue des livres, et la géométrie, et le calcul mental, et encore bien d’autres choses, il faut décrire un peu l’état de l’instruction publique dans le Labrador oriental.

Un missionnaire me racontait que dernièrement, dans un village de là-bas, dont la population catholique se compose presque entièrement de bons Irlandais venus de Terre-Neuve, les enfants à qui il venait de faire faire leur première communion le supplièrent de leur envoyer un instituteur catholique. « Vous aurez un maître d’école, leur répondit-il. Car si je n’en peux trouver, je viendrai moi-même vous faire la classe !

Thousand thanks, Father ! »

La grande difficulté, chez les catholiques, c’est de trouver des personnes pourvues des qualités nécessaires et qui consentent à s’exiler dans ce pays lointain pour tenir des écoles.

La situation est beaucoup plus avantageuse chez les protes-