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LABRADOR ET ANTICOSTI

Donc, diminution des ressources tirées de la mer, diminution des profits que donnait la chasse : voilà ce qui frappe l’attention de l’observateur qui étudie la situation présente des gens et des choses du Labrador oriental. Sans compter que, pour ce qui concerne particulièrement la pêche de la morue, si nos pêcheurs labradoriens prennent aujourd’hui beaucoup moins de ce poisson, cela ne signifie pas seulement que la vente qu’ils en feront leur rapportera moins d’argent. Cela veut dire aussi qu’ils bénéficieront moins de la prime[1] que le gouvernement du Canada paie annuellement à tous les pêcheurs du Canada, en proportion de la quantité de morue qu’ils prennent à l’hameçon.

Il importait, me semble-t-il, de renseigner le public sur les sujets de plaintes de cette pauvre population du Labrador, qui n’a pas de journaux à sa disposition pour plaider sa cause. Pourtant, à notre époque, il n’y a guère que la pression de l’opinion publique qui puisse agir efficacement sur les machines gouvernementales et les mettre en mouvement dans le sens qu’il faut.

Que ceux donc qui jouissent de quelque influence sur les pouvoirs publics, veuillent bien travailler un peu dans l’intérêt de nos pêcheurs de là-bas !


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Je ne reviendrai pas ici sur la question du prolongement de la ligne télégraphique du Labrador. J’ai dit assez longuement, en un autre endroit, quelle est l’importance et même l’urgence de cette entreprise. D’ailleurs, je l’ai dit aussi, cette question paraît avoir été résolue, au moins « en principe », dans le sens de l’affirmative par le gouvernement d’Ottawa. On verra sans doute le fil du télégraphe s’allonger, tous les ans, de poste en

  1. Au Labrador, on donne le nom de bounties aux chèques (Fishing Bounty Cheque) spéciaux par lesquels le gouvernement paie ces primes à ceux qui y ont droit.