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GENS ET CHOSES DU LABRADOR ORIENTAL

mesures, — et les faire mettre à exécution, — pour empêcher la destruction totale des oiseaux du golfe, et par là même conserver l’une des plus belles ressources de cette intéressante population du bas Labrador ?

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La chasse est encore une source de quelque profit pour les habitants de cette côte. Le renard, la martre, la loutre, le castor, le loup-cervier, le carcajou, le vison, le porc-épic, le rat musqué, le lièvre, sont les animaux qui abondent davantage en cette région. L’ours y est assez rare. La perdrix grise s’y rencontre assez souvent, et, tous les cinq ou six ans, la perdrix blanche. Au-dessous du cap Whittle, on trouve le caribou sur la côte même, tandis que plus à l’ouest il se tient à l’intérieur.

Malheureusement, ici encore, il y a des sujets de plaintes et d’inquiétudes.

Autrefois les sauvages passaient toute la belle saison sur le bord de la mer et s’y nourrissaient du saumon qu’ils prenaient partout ; ils en fumaient aussi pour l’hiver. Mais à présent que les endroits de pêche au saumon sont loués à des compagnies ou à des particuliers, souvent de l’étranger, cette ressource leur est enlevée, et il se voient obligés de passer presque toute l’année dans les bois, où ils vivent de la chasse. Cela n’est pas beaucoup propre, évidemment, à assurer la protection du gibier, qu’ils tuent en toute saison soit pour se nourrir, soit pour tirer parti des fourrures, afin de se procurer la farine et les autres articles dont ils ont besoin.

Les chasseurs blancs, avec bien moins de circonstances atténuantes en leur faveur, nuisent aussi de leur côté à la conservation des animaux à fourrures. En effet, ils commettent l’imprudence de se servir trop souvent de poison au lieu des fusils et des pièges. Ce procédé de chasse, outre qu’il détruit les animaux sans distinction de jeunes ou de vieux, constitue encore un danger pour le gibier, qui est exposé à trouver la mort en se nourrissant de cadavres empoisonnés.