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GENS ET CHOSES DU LABRADOR ORIENTAL

appelle, au Labrador, la « trolle »[1]. Cela consiste en un long câble que l’on garnit jusque de mille hameçons pour prendre la morue.

C’est évidemment aux autorités fédérales à prendre les mesures nécessaires pour conserver la valeur de nos pêcheries et sauvegarder les intérêts de la population côtière du Labrador.

Ainsi, pour ce qui est des trolles, qu’il soit interdit de se servir de ces engins à moins que trois milles du rivage. Quant aux trap-nets, qui causent le plus de tort, nos pêcheurs demandent qu’il soit défendu à leurs propriétaires de les tendre où ils veulent et de suivre ainsi la morue ; qu’il y ait des endroits privilégiés, réservés pour la pêche à l’hameçon ; que le nombre des trap-nets soit limité pour un même endroit, surtout à l’embouchure des rivières ; enfin que la distance entre deux trap-nets ne soit pas moindre qu’un mille.

Ces mesures peuvent paraître un peu sévères ; mais elles rendraient les plus grands services à nos gens de là-bas, dont le sort doit fortement intéresser nos gouvernants, lesquels n’ont pas à se gêner avec les pêcheurs de Terre-Neuve ou d’ailleurs qui viennent, sous les yeux de nos pêcheurs, diminuer et même détruire leurs moyens de subsistance.

Il suffirait d’un croiseur du gouvernement qui aurait la surveillance spéciale de la côte du bas Labrador, pour mettre ces étrangers à la raison et obtenir la stricte observation des lois que l’on aurait promulguées pour assurer la conservation de nos pêcheries.

* * *

Non seulement les pêcheurs du bas Labrador voient leur industrie devenir de moins en moins profitable, parce qu’ils sont

  1. Ce mot, dont, je ne garantis aucunement l’orthographe, vient soit du verbe anglais troll, qui signifie : jeter l’amorce à, pêcher à la ligne, soit du substantif français trôlée (dont nous faisons ici “trâlée”), qui signifie : troupe de gens faisant route ensemble.