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LABRADOR ET ANTICOSTI


Ici, le pays devient pittoresque. Depuis Natashquan, la côte est uniformément basse et dénudée ; mais à la Baie-des-Moutons elle se dresse en caps élevés, entre lesquels on aperçoit quelque végétation.

Au fond de la baie, on voit un village de plus de vingt familles protestantes, venues de Terre-Neuve. Il y a là une chapelle tout récemment construite et assez spacieuse, desservie par un pasteur de l’Église anglicane. Ce hameau, comparé aux autres villages de la côte, est d’apparence vraiment coquette ; les pêcheurs qui l’habitent ont le goût des jolies maisons, et l’on dirait qu’ils aspirent à faire pencher la balance en faveur de leur localité, quand il s’agira de fixer le siège de la capitale du bas Labrador.

Cinq familles catholiques résident à la Baie-des-Moutons, trois sur la rive ouest, et deux sur la rive est, à l’endroit nommé « Pointe du Gros-Mécatina », qui se trouve à deux milles du village de la Baie-des-Moutons.

Gros-Mécatina. — Le Grand ou Gros-Mécatina, c’est une île de trois milles et demi de longueur, sur trois milles de largeur ; sa plus grande hauteur au centre est de cinq cents pieds[1]. Au commencement du mois de septembre (1858), l’abbé Ferland vit là « des ravines encore pleines de neige » de l’hiver précédent, et cela ne témoigne guère favorablement du climat qui règne en ces parages.

« Le poste du Gros-Mécatina, dit l’abbé Ferland[2], est ancien et, il y a un siècle, il était un des plus productifs du Labrador ; en 1744 la veuve Pommereau, à qui il appartenait, en retirait 451 barriques d’huile, tandis que le poste de la baie Phélypeaux

  1. D.-N. Saint-Cyr, Rapport d’un voyage d’exploration sur les côtes du Labrador et les Îles du golfe (1885). — M. l’abbé G. Gagnon, ancien missionnaire de ce pays, donne à l’Île du Gros-Mécatina une longueur de six ou sept milles, sur une largeur d’un demi-mille parfois. Le lecteur fera donc sagement de suspendre son jugement sur la question des dimensions de cette île, jusqu’à ce qu’un troisième témoignage vienne confirmer l’un ou l’autre des deux premiers.
  2. Le Labrador.