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LABRADOR ET ANTICOSTI

en prenne. Mais le saumon ! le précieux saumon ! Qu’on nous laisse cette aubaine, qui nous appartient ! Que chacun pêche le saumon dans son propre pays !

Donc, par les présentes, le ministère de la Marine et des Pêcheries est respectueusement, mais énergiquement, requis de réserver aux gens de la Côte Nord les places de pêche de leur région.

Quant aux grands travaux que les autorités fédérales pourraient exécuter sur la Côte, rien de précis à cet égard ne me saute aux yeux, maintenant surtout que l’on est décidé à prolonger la ligne télégraphique jusqu’aux limites des possessions canadiennes, du côté de l’est. Voyons ! Que pourrait-on bien entreprendre ? Construire des hôtels de la poste et de la douane tout le long de la Côte ? — Ce serait là, pour le quart d’heure, une dépense dont l’on ne verrait pas tout de suite l’opportunité, et qui ferait trop le bonheur des députés et des journaux de l’opposition.

Construire dès à présent le chemin de fer du Labrador ? — Certes, pour rien au monde je ne voudrais, par d’imprudentes réflexions, mettre des bâtons dans les roues de cette future voie ferrée ; je serais plutôt tout heureux d’en voir le projet sitôt mis en exécution. Le commerce du Canada en recevrait une impulsion considérable, et tout ce territoire du Labrador entrerait dans un développement qui étonnerait. Mais cette entreprise serait vue probablement de si mauvais œil par les puissantes compagnies de navigation océanique, et l’expérience de l’Intercolonial, à titre de chemin de fer de l’État, a donné des résultats si peu favorables, qu’il n’y a pas lieu de s’attendre que le gouvernement du Canada entreprenne jamais lui-même de construire le chemin de fer du Labrador.

Mais, enfin, puisqu’il y a là-bas tant d’eau, tant d’embarcations, et tant de villages situés au bord de la mer, on pourrait toujours bien construire partout des quais ou des jetées, et favoriser ainsi la navigation ? — Il est sûr que ce n’est pas la place qui manque, sur la côte du Labrador, pour les construc-