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LABRADOR ET ANTICOSTI

quelque compagnie viendra de l’étranger donner le branle ; l’attention s’éveillera, et, dès que l’on sera sûr de gagner de l’argent dans ces entreprises nouvelles, les choses marcheront ensuite toutes seules.

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Et si jamais le « Chemin de fer du Labrador » devient une réalité, c’est alors que l’on verra se produire le véritable développement de toute la côte du golfe. À l’époque où nous vivons, cela ne vaut rien pour un pays d’être entièrement isolé du reste du monde pendant six mois de l’année, surtout lorsque pendant les six autres mois il ne jouit que de communications difficiles. Sans communications aisées, pas de commerce ; sans commerce, pas d’industrie ; et quand il n’y a pas d’industrie dans un pays qui ne peut être agricole, la prospérité y sera toujours fort médiocre. — On ne peut imaginer la transformation qui s’opérerait au Labrador, si un chemin de fer le traversait dans toute sa longueur, et le mettait en relations faciles avec le continent américain comme avec les pays d’outre-mer. Il est sûr que l’exploitation des pêcheries et le commerce des fourrures y prendraient une extension nouvelle, tandis que cent industries annexes y seraient créées. L’immense contrée de l’intérieur, encore inconnue, livrerait en ce temps-là d’importants secrets qu’il nous serait aujourd’hui inutile de pénétrer. Qui sait ce que cette région recèle, par exemple, de ressources minières ? Qui sait ce que nos arrière-neveux en tireront de richesses ?

Il se fera, un jour, ce chemin de fer du Labrador. On cherche trop à aller vite, aujourd’hui, pour ne pas recourir enfin à ce moyen facile de rapprocher encore l’Europe de l’Amérique. La voie du Saint-Laurent l’emporte déjà de beaucoup sur les autres chemins du commerce. La ligne du Labrador vaudra encore mieux, et fixera définitivement notre prépondérance en fait de communications rapides durant les douze mois de l’année.