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LABRADOR ET ANTICOSTI

d’agriculture, le voici. C’est la culture des pommes de terre et des divers légumes. Ces plantes réussissent bien partout, avec des soins convenables, et augmentent heureusement, pour l’alimentation de la famille, les ressources provenant de la chasse et de la pêche. De plus, elles permettent aux gens de nourrir et d’engraisser quelques animaux de ferme, dont la viande complétera les autres provisions de la famille, et y suppléera même, en cas de besoin.

Sans doute, la population de la Côte n’a pas été la dernière à s’apercevoir que les plantes sarclées croissent parfaitement même dans un sol aussi sablonneux que l’est presque tout ce pays ; les varechs et les déchets de poisson font un engrais excellent pour cette terre naturellement paresseuse, et sont partout en grande abondance. La population sait bien aussi qu’il y a pour elle, dans cette culture, toutes sortes d’avantages, et elle s’y livre déjà d’une manière assez générale. Mais il y a encore du progrès à faire ; du côté de l’est surtout, les pêcheurs pourraient compter moins exclusivement sur les ressources si incertaines de la pêche, et mettre plus de zèle à demander à la terre les produits qu’elle peut leur donner.

Le gouvernement de la province de Québec a fait, dans ces dernières années, de louables efforts pour convaincre les Labradoriens qu’il est plus sage d’avoir, quand on le peut, deux cordes à son arc, et qu’ils ont tout à gagner en cultivant les pommes de terre et les légumes en même temps qu’ils se livrent à la pêche. Les conférences agricoles que l’on a fait donner en divers endroits de la Côte, ont eu déjà à cet égard, paraît-il, d’heureux résultats.

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Je crois avoir démontré qu’il ne faut pas s’attendre à voir jamais sur la Côte Nord de belles campagnes couvertes de riches moissons. La nature du sol et surtout le climat de ce territoire sont des obstacles qu’aucun effort humain ne peut vaincre. La culture n’y donnera jamais autre chose qu’un