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COUP D’ŒIL SUR L’AVENIR

commencent à bourgeonner que dans le mois de juin ; la terre est froide, il faut attendre bien tard pour semer les patates, qui viennent rarement à maturité, même les patates d’avance. »

Il me semble que ce témoignage d’un homme qui réside en cette région depuis si longtemps, règle définitivement la question de la colonisation sur la Côte Nord, au moins sur le littoral. Il est sans doute possible qu’à l’intérieur des terres, le climat soit plus favorable ; mais cela est peu probable, à cause de la proximité de l’océan Glacial. Et puis, Betsiamis est déjà sur le 49e degré de latitude, qui passe plus au nord que tous les établissements du lac Saint-Jean. Il est vrai que le lac Mistassini est au 51e, et cependant on y récolte, paraît-il, de l’orge et de l’avoine. On a même vu mûrir du blé à Moose Factory, au fond de la baie James. Ces faits, s’ils sont authentiques, doivent être bien exceptionnels. D’autre part, le Manitoba et les riches plaines du Nord-Ouest canadien sont situés au-dessus du 49e. Mais on sait bien que le climat devient de plus en plus favorable à mesure qu’on s’éloigne de l’Atlantique.

On a parlé aussi de l’élevage des animaux, comme d’une exploitation praticable non seulement dans la partie ouest de la Côte Nord, mais même jusqu’à Natashquan. Je ne crois pas davantage qu’il y ait là une ressource sérieuse pour le Labrador. La belle saison est si courte en ce territoire, qu’il faudrait y garder les animaux à l’étable durant la plus grande partie de l’année, système peu compatible avec la production économique du lait, de la viande, etc. En outre, il est permis de douter fortement que le sol de cette partie de la côte puisse fournir des herbages en variété et en quantité suffisantes, que cela soit dû à la nature désavantageuse des terrains eux-mêmes, ou à la rigueur du climat. En outre, quand ces obstacles naturels n’existeraient pas, l’éloignement des marchés et la difficulté des communications, presque impossibles durant la moitié de l’année, empêcheraient cette industrie de l’élevage d’être assez rémunératrice.

Tout ce qui est possible et pratique, sur la Côte Nord, en fait