Page:Huard - Labrador et Anticosti, 1897.djvu/373

Cette page a été validée par deux contributeurs.
355
DE LA POINTE-AUX-ESQUIMAUX À NATASHQUAN

saumon, et cette heureuse circonstance ne se rencontre pas partout, il s’en faut.

À deux milles, à l’est, il y a encore un poste de pêche au saumon, autorisé par une licence obtenue du ministère des Pêcheries ; toutefois la rivière Goynish est bien préférable pour cette pêche.

Elle vient de loin dans les terres, cette rivière ; autrefois, c’était l’un des cours d’eau que suivaient quelquefois les sauvages pour se rendre dans les pays de chasse. Elle n’est cependant navigable pour les barges que jusqu’à un mille de son embouchure ; là des rapides empêchent tout à fait de passer outre. La marée ne se fait pas sentir plus loin non plus, et cela montre combien le lit de cette rivière s’élève fortement dans une distance si peu considérable, ce que prouve d’ailleurs cet autre fait : le courant de l’eau, dans ce parcours d’un mille, continue toujours à descendre, même lorsque la mer monte. Notons, en passant, que la hauteur des marées ordinaires n’est ici que de cinq pieds ; dans les grandes marées, les eaux atteignent une élévation de six pieds ou un peu plus.

Le saumon s’avance si loin dans cette rivière, que la pêche à la ligne n’y est pas praticable. On capture ce beau poisson seulement au moyen de filets tendus dans la rivière, et il y a sept de ces tentures, depuis la mer jusqu’au rapide où cesse la navigation. Il n’y a qu’une seule licence de pêche accordée par le gouvernement, et tous ces rets appartiennent au seul possesseur du permis. La durée de cette pêche est de six ou sept semaines, à partir du commencement du mois de juin. Les communications sont si peu faciles entre Goynish et les centres commerciaux, qu’il ne peut être question de vendre le saumon à l’état frais. Il faut le saler, et l’expédier comme l’on peut sur les marchés.

Vers le 15 juillet, la saison de pêche du saumon est finie, et c’est alors le tour du hareng, qui se trouve ici en assez grande quantité, jusqu’à la moitié ou à la fin du mois d’août. On le sale et on l’envoie à Québec pour la vente.