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LABRADOR ET ANTICOSTI

de leur travail, reçoivent, chacun, le tiers, la moitié ou les deux tiers d’une part.

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Cependant, après cette deuxième campagne de pêche, tout n’est pas encore dit, ou plutôt, tout n’était pas dit : car maintenant cela est changé. Mais, jusqu’à ces dernières années, on remettait à la voile pour le bas du golfe, afin d’y faire en grand la pêche au hareng.

Du voyage de la pêche à la morue, qu’il y eût ou non des bancs de morue, on s’en revenait toujours à la Pointe-aux-Esquimaux assez de bonne heure pour être prêt à partir, vers le milieu du mois d’août, pour le « voyage du hareng » ; car ce voyage était l’un des plus lucratifs.

On se rendait ainsi, avec les goélettes, jusque sur la côte de Terre-Neuve, dans le détroit de Belle-Isle, et l’on parcourait les différents endroits de cette côte, depuis Savage Cove jusqu’au Port-au-Choix. On y attendait le hareng, qui arrivait ordinairement dans les premiers jours de septembre. Quelquefois aussi on traversait à Forteau et à la baie de Bradore, sur la côte nord. On ne pêchait pas le hareng à la ligne ! Il en faudrait du temps, pour compléter la cargaison d’une goélette, si l’on prenait le hareng de cette façon ! C’est à la seine, comme on l’imagine bien, que l’on fait cette pêche. Les seines dont on se servait, dans ces expéditions, avaient cent, cent vingt et même cent trente brasses de longueur, sur une largeur ou profondeur de huit à dix brasses. Avec des appareils de telles dimensions, il n’était pas rare que l’on prît, d’un seul coup, douze à quinze cents barils de harengs ; on a vu même des coups de seine de deux mille barils. Mais quand on prend en moyenne trois, quatre ou six cents barils, on ne se plaint pas. Une seule seine suffisait pour le service de deux ou trois goélettes de quarante à cinquante tonneaux.

Mais voyons d’un peu plus près comment on procède pour