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POINTE-AUX-ESQUIMAUX

six cents morues de grosseur moyenne. On les achète des pêcheurs de la Nouvelle-Écosse à la fin de la saison de pêche.

Quand une goélette s’est arrêtée dans un endroit de pêche, on met les barges à la mer, et deux hommes descendent dans chacune, pour aller à la recherche de la morue sur les fonds qu’elle a coutume de fréquenter. Tantôt la morue se trouve à de faibles distances de la goélette ; tantôt il faut aller fort loin pour la trouver. Dès que l’embarcation est chargée, elle vient mettre son poisson à bord de la goélette. Mais lorsque la morue est rare, on n’attend pas que la barge soit chargée pour revenir : les barges ne doivent pas être plus de sept ou huit heures au large, sans apporter le poisson qu’elles ont pris. La raison en est que si la morue restait plus longtemps sans être vidée, après sa capture, la grande quantité de capelan qui remplit toujours son estomac l’exposerait à se gâter. En tout cas, si la pêche donne bien, les barges font jusqu’à trois et quatre voyages par jour ; cela commence à deux ou trois heures du matin, et peut se prolonger jusqu’à près de neuf heures du soir.

À mesure que les pêcheurs déposent la morue sur le pont de la goélette, les hommes restés à bord et les mousses la piquent, ce qui consiste à lui couper la gorge et à lui fendre le ventre ; la décollent, c’est-à-dire lui enlèvent la tête et les intestins ; la tranchent, c’est-à-dire lèvent toute l’arête ; enfin la salent. On prépare de la sorte de cinq à sept mille morues par jour ; quelquefois on atteint les neuf à dix mille, mais c’est bien exceptionnel. Tout ce travail est fait par les hommes du bord ; ceux des barges ne font pas autre chose que pêcher.

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Mais on peut se demander comment, dans ces voyages au long cours, on se procure la bouette nécessaire pour la pêche.

C’est presque toujours le capelan dont on se sert pour amorcer les hameçons. Et ici, pas plus qu’ailleurs, le capelan ne tombe tout rond du ciel. Il faut aller le seiner aux endroits… où il y