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LABRADOR ET ANTICOSTI

l’administration provinciale seulement. Le député de Chicoutimi et Saguenay à la Législature de Québec représente donc une division électorale un peu moins étendue que celle de son collègue d’Ottawa, mais assez vaste, elle aussi, pour constituer un pays d’assez grande importance. Les chefs d’État d’Angleterre, d’Ottawa et de Québec feront donc bien d’être sur leurs gardes, et de se défier toujours, sans en avoir l’air, des deux députés de Chicoutimi et Saguenay.

Pour ce qui est de la partie de ce comté qui forme la Côte Nord, c’est-à-dire qui s’étend depuis Betsiamis jusqu’au Blanc-Sablon, on n’avait pas cru possible, jusqu’en 1892, de l’admettre à l’exercice du droit électoral, à cause de son éloignement et de la difficulté des communications. Cette année-là, enfin, nos pêcheurs de la Côte se virent conviés au « banquet électoral ». On se mit, en temps opportun, à préparer la fête. — Il s’agissait, pour les comtés de Chicoutimi et Saguenay, d’élire un représentant à la Chambre des Communes. L’« officier rapporteur » nomma tous les fonctionnaires qu’il fallait à chaque endroit de la Côte. Par ses soins, les boîtes de scrutin, les bulletins de vote et autres documents nécessaires, tout fut mis à bord d’une goélette qui distribuerait ces choses diverses dans les différents postes de la Côte. Et les choses allaient se passer de la façon la plus vulgaire, c’est-à-dire comme il se fait dans toutes les élections et dans tous les pays où l’on vote ! Mais voici que le vent contraire s’élève, et voici que la goélette est forcément retenue dans quelque port de refuge, en attendant des souffles propices ; voici, de plus, que le jour fixé pour la votation est tout près d’arriver… Ce fut alors que, parmi les fonctionnaires de l’État que cela concernait, on eut une idée géniale, celle d’organiser la votation sur la Côte Nord par voie du télégraphe. Les principaux officiers de la loi, d’Ottawa, déclarèrent que rien ne s’opposait pas à ce que l’on projetait, et indiquèrent même les détails de la conduite à tenir pour que l’on restât dans les limites de la légalité.

Il était déjà trop tard pour organiser semblable affaire à chacun des postes de la Côte. Du moins, on résolut de monter