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MINGAN — POINTE-AUX-ESQUIMAUX

enfants de la forêt exige absolument cette cérémonie, dont l’omission causerait un gros chagrin à ces pauvres gens.

Ensuite, toute la population se rend à la chapelle : la prière du soir, le chapelet, des cantiques en langue montagnaise font l’objet de l’unique solennité religieuse que Monseigneur puisse accorder à la tribu, en l’absence du missionnaire. Le R. P. Lemoine, O. M. I., chargé maintenant des missions du Labrador, nous attendait à Mingan depuis plusieurs jours, et il avait préparé un bon nombre de personnes à recevoir le sacrement de Confirmation. Mais, ce matin même, il lui a fallu s’embarquer à bord du Str Otter pour continuer ses missions.

Mingan compte seulement deux familles de blancs : celles de M. Chs Maloney (catholique) et de M. W. Scott, l’agent du poste de la Compagnie de la baie d’Hudson. Nous nous partageons entre les deux maisons, et l’on nous y accueille avec les plus grands égards.

* * *

La soirée était déjà avancée, lorsque l’on nous apprit qu’un grand bal allait commencer dans l’une des maisons du village. Avant son départ de Mingan, le missionnaire avait béni le mariage de cinq couples de Montagnais, et l’on devait, ce soir, solenniser un événement si remarquable par une sauterie générale. Et, chose inouïe dans l’histoire de l’Église, on vit un évêque en tournée pastorale se rendre avec sa suite, à dix heures du soir, à une fête de ce genre !

Beaucoup de familles sauvages vivent ici sous la tente ; mais il y en a aussi quelques-unes qui habitent des maisonnettes. C’est dans l’une de ces maisons que la fête avait lieu, et nous y trouvâmes toute la tribu réunie, plutôt au dehors qu’en dedans, par exemple ; car la demeure était fort petite et ne contenait qu’une pièce d’environ vingt pieds sur douze. La maison, tout fraîchement peinte, était d’apparence fort proprette. Au milieu de la pièce reposait solidement, sur ses quatre pattes, un grand