Page:Huard - Labrador et Anticosti, 1897.djvu/244

Cette page a été validée par deux contributeurs.
228
LABRADOR ET ANTICOSTI

fois encore, changé de propriétaire, ainsi que je l’ai déjà dit incidemment, et cette fois elle est revenue en mains françaises. C’est du liquidateur de la « Governor and Company of the Island of Anticosti » que M. Despecher a fait cet achat, suivant acte du 8 décembre 1894, au prix de $160, 000 d’après les journaux canadiens. La Compagnie anglaise ayant payé ce domaine près d’un million de piastres, l’acquéreur français a raison de dire qu’il « s’en est assuré la possession à un prix très modéré ». Il faut d’ailleurs, pour ne pas s’extasier trop de cette différence qu’il y a entre le prix de 1886 et celui de 1895, tenir compte du fait que le million dont il s’agissait était payable en actions de la Compagnie, actions dont la valeur n’a jamais, je crois, égalé celles de la Compagnie du canal de Suez ; il s’en fallut même à tel point que la Compagnie anglaise ne tarda pas longtemps à tomber en liquidation.

L’achat de l’île, bien qu’opéré le 8 décembre 1894, ne devait être définitif qu’au bout de dix mois. L’acheteur, en effet, se réservait ce laps de temps « pour faire l’étude approfondie de l’affaire, pour contrôler les renseignements et informations relatifs aux avantages et aux ressources de l’île et pour procéder, pendant l’été de 1895, à la reconnaissance du littoral et des ports qui s’y trouvent, ainsi qu’à l’inspection aussi complète que possible de l’intérieur des terres, afin qu’il puisse, en pleine connaissance de cause, à l’expiration de ce délai, exiger l’exécution du dit transfert ou y renoncer ».

* * *

L’auteur de la brochure fait une longue énumération des sources où il a puisé ses renseignements sur l’Anticosti, et mentionne le fait que personne n’avait encore parcouru l’intérieur de l’île lorsque, « au mois de février 1888, M. J.-B. Saint-Cyr, arpenteur de la province de Québec, qui avait été envoyé par la Compagnie pour établir le plan d’une ville, entreprit l’exploration de l’intérieur de l’Île ». Il a donc utilisé les infor-