Page:Huard - Labrador et Anticosti, 1897.djvu/241

Cette page a été validée par deux contributeurs.
225
ÎLE D’ANTICOSTI

au contraire, il n’y a pas un seul phare, et les navires qui s’aventureraient de ce côté pourraient le payer cher ; aussi ils ne prennent jamais cette route. Quant aux paquebots d’Europe, ceux même qui passent par le détroit de Belle-Isle, au nord de Terre-Neuve, viennent doubler le Health Point et passer au sud de l’île.

Achevons pourtant d’entendre le témoignage de M. Gregory sur l’île d’Anticosti.

« À part la chasse et la pêche, dit-il, les ressources de l’île d’Anticosti sont fort restreintes. La culture y est presque nulle, le sol d’abord s’y prêtant difficilement, et sa position isolée la privant de communications faciles… Le sol est bon ; et, lorsqu’il est épuisé, le varech, que l’on a sous la main, fournit le meilleur engrais du monde… Le climat de l’île d’Anticosti n’est pas plus rigoureux que celui d’aucune des provinces maritimes. Le sol est bon, et peut produire, à peu d’exceptions près, les mêmes légumes et probablement les mêmes fruits que l’on récolte dans les provinces inférieures. Il est vrai qu’elle ne possède pas de havres ou endroits de mouillage naturels pour les gros vaisseaux ; cependant quelques-unes de ses baies pourraient certainement servir de ports de refuge en y construisant des jetées, et l’on trouverait à portée tout le bois et la pierre nécessaires pour faire ces travaux. »

* * *

M. Faucher de Saint-Maurice, l’aimable conteur que l’on connaît, a plus d’une fois visité l’île d’Anticosti, et son témoignage vaut qu’on s’y arrête. Lisons ce qu’il en écrivait en 1877 :

« Privée de ports et entourée d’une redoutable ceinture de récifs, j’ai bien peur que tous les efforts faits pour la coloniser ou la défricher restent infructueux. Depuis le jour où elle fut découverte et baptisée par Jacques Cartier du nom de l’Assomption, l’Anticosti n’a guère changé d’aspect. C’est toujours cette terre que Champlain trouvait « blanchâtre comme les