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ÎLE D’ANTICOSTI

« Des centaines de navigateurs du Canada et des États-Unis vont y faire la pêche tous les étés, en goélettes ou en barges, n’y gagnant parfois qu’un maigre salaire.

« L’île d’Anticosti a 135 milles de long sur plus de 30 milles de large[1] et se termine en pointe à ses deux extrémités ; elle embrasse une superficie de deux millions et demi d’acres. Elle est peu élevée, souvent enveloppée de brumes épaisses, et les nombreux récifs qui l’entourent en rendent l’approche difficile et dangereuse. Une couche de tourbe de quelques pieds au-dessus du niveau de la mer, sur une étendue d’environ quatre-vingts milles, forme la surface de la partie sud de l’île, que recouvre presque en entier une forêt de sapins rabougris.

« Ces arbres ont environ douze pieds de hauteur, et leurs branches se tressent et s’entremêlent à tel point, que l’on dit qu’un homme peut marcher sur leurs sommets. On rencontre partout des marais et des lagunes, où séjournent des quantités innombrables d’oiseaux aquatiques, tels que les outardes, les canards, les plongeons, etc.

« Telles sont la nature et les propriétés de cette partie de l’île. En avançant vers le nord, le sol s’élève graduellement à une hauteur de 400 pieds, ne dépassant jamais 700 pieds au-dessus de la ligne de la haute marée.

« Cette partie de l’île fournit d’excellentes forêts de pins, d’épinettes, de frênes, de bouleaux blancs, mais aucun de ces arbres cependant n’atteint une grosseur assez considérable pour être d’une utilité générale ; on ne peut en faire tout au plus que des mâts de goélettes de 50 tonneaux.

« Les seuls animaux que l’on rencontre dans ces parages sont l’ours noir, la loutre, la martre, le renard roux, argenté et noir ; inutile d’y chercher des lièvres et des perdrix[2], si communs pourtant partout ailleurs.

  1. M. Faucher de Saint-Maurice (De tribord à bâbord) donne à l’île « une longueur de 122 milles, une largeur de 30, et une circonférence de 270. » (A.)
  2. J’ajoute qu’il n’y a non plus, sur l’Ile d’Anticosti, ni écureuils, ni rats ; par exemple, la souris s’y trouve. Et quant à la perdrix, s’il est inutile d’y chercher la perdrix grise, il ne l’est pas de chercher la perdrix blanche, qui s’y rencontre fort bien. Je tiens ce renseignement d’un vieil habitant de l’île. (A.)