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LABRADOR ET ANTICOSTI

En 1893, le missionnaire de l’Anticosti vint se fixer à l’Anse-aux-Fraises. C’était M. l’abbé Jean-F.-R. Gauthier, qui fut plus tard curé de Natashquan. Dans l’automne de 1894, M. l’abbé A. Villeneuve le remplaça[1].

Ici, comme dans les autres endroits habités par les pêcheurs, le village est établi à proximité de la mer, moins cependant qu’aux autres localités que nous avons visitées. C’est qu’ici, en même temps que pêcheur, on est aussi plus ou moins cultivateur. Mais, demandai-je, quelle sorte de terrain y a-t-il en arrière de ces terres en culture ? On me répondit qu’au delà de ces champs cultivés, on trouve de la terre forte, bonne pour la culture. Quant au milieu de l’île, on le dit montagneux et impropre aux travaux agricoles. Au nord de l’île, ajoutait-on, il y a du pin en certaine quantité. Le rivage est partout de pierre. La pierre à chaux, on en trouve en tous endroits de l’Anticosti.

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Lorsque vint la brunante, ce soir, les moustiques vinrent aussi, et la soirée que nous passâmes en leur compagnie ne fut pas absolument agréable, par exemple, cela me procura l’occasion d’expérimenter la valeur d’une préparation dont M. Robinson, de la Baie-des-Anglais, nous avait loué l’efficacité contre ces minuscules ennemis. La recette est facile. Il s’agit de mélanger du saindoux avec de l’acide carbolique, en telles proportions que l’on obtienne un produit de couleur rose pâle. Et M. Malouin, hier, m’avait donné une certaine quantité de cette pommade toute préparée. Aussi, lorsque je vis apparaître les maringouins, je ne manquai pas de leur rire au nez. Ce ne fut pas moi, cependant, qui eus l’avantage dans la lutte qui s’engagea, malgré l’armure fortement aromatisée dont je m’étais

  1. En septembre 1895, M. Villeneuve fut lui-même remplacé sur l’île d’Anticosti par M. l’abbé Pierre Bouchard, et alla prendre charge des Missions des Sept-Isles, de Moisie, etc.