Page:Huard - Labrador et Anticosti, 1897.djvu/229

Cette page a été validée par deux contributeurs.
213
ÎLE D’ANTICOSTI

qui coûtent ordinairement fort cher, on n’a jamais entendu parler de cela. On ne reçoit pas même de journaux, et l’on sait si les gens se ruinent, dans notre pays, à payer les journaux qu’ils reçoivent !

* * *

La population de l’Anse-aux-Fraises a compté jusqu’à vingt familles. En 1895, treize familles seulement habitaient cet endroit privilégié du pays. Comme à la Baie-des-Anglais, une partie des habitants ont émigré lorsque l’île est passée sous la dépendance de la Compagnie anglaise dont j’ai parlé déjà. Dans ces dernières années, les pêcheurs payaient cinq piastres de rente annuelle aux propriétaires du domaine.

La première chapelle, moins grande que l’église actuelle, fut détruite par un incendie, vers 1880. La belle église (55 pieds sur 35) que l’on y voit maintenant fut bâtie du temps où M. l’abbé J.-L. Rioux desservait l’île d’Anticosti (1883-86) ; mais elle n’est pas encore terminée, ni à l’intérieur, ni à l’extérieur. Lors de notre voyage, on venait d’y ajouter une spacieuse sacristie. Quand ces édifices auront été boisés, décorés, dorés, ce sera fort beau !

On pourrait penser, peut-être, que l’instruction publique est fort négligée à l’Anse-aux-Fraises, puisqu’il n’y a là — ces renseignements sont d’une complète authenticité — ni université, ni école normale, ni collège commercial. Toutefois, les petits Anse-aux-Fraisois en âge d’être initiés aux mystères de la lecture, de l’écriture, des règles simples et des règles composées, ont à leur service une école élémentaire qui suffit amplement aux nécessités intellectuelles de ce pays. D’ailleurs, il y a un couvent à la Pointe-aux-Esquimaux, où l’on peut envoyer les enfants bien doués ; deux jeunes filles de M. Doucet y ont déjà commencé leur cours d’étude.

J’ai nommé M. l’abbé Rioux. Il passa trois années sur l’île, résidant à la Pointe-Ouest, chez M. Malouin.