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MAGPIE — SAINT-JEAN

qui coulent respectivement du nord-est, du nord et du nord-ouest.

Il y a aussi, dans l’estuaire de la rivière Saint-Jean, plusieurs rets tendus pour prendre la truite.

Bien que l’entrée et la sortie du bassin de la rivière soient de temps en temps difficiles pour les barges de pêche, cela n’empêche pas l’industrie de la morue d’y être pratiquée assez en grand, puisqu’aux 33 barges de la maison Sirois, il faut ajouter les 45 à 50 de la Compagnie Robin. Cette dernière emploie 160 hommes, dont quarante de Saint-Jean, et les autres de la baie des Chaleurs.

La population de Saint-Jean comprend aujourd’hui 34 familles, dont la plupart viennent de la baie des Chaleurs.

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À Saint-Jean, on trouve de la belle terre arable, composée de terre noire et de sable, excellente pour la culture. Comme partout sur la Côte, les pommes de terre y viennent très bien. L’avoine et l’orge y mûrissent ; mais on préfère les couper en vert, pour en faire du fourrage, parce qu’on ne se soucie guère de battre le grain durant l’hiver. Du reste, le foin réussit fort bien, et c’est presque exceptionnel sur la Côte. Il n’y a ici qu’un seul cheval, ce qui fait que la noble et civilisatrice institution des « courses » n’y est pas beaucoup florissante. Pour la culture, on trouve beaucoup plus avantageux de se servir des bœufs, et c’est mieux avisé en ce sens, facile à découvrir, que tout en profitant du travail de ces paisibles bêtes, on les prépare en même temps pour la boucherie. Cela est tout à fait pratique.

Comme ailleurs, on engraisse ici les terrains cultivés avec les déchets de poisson. Il y aurait de ces déchets pour couvrir des centaines et des centaines d’acres de terre, connue on peut l’imaginer par la quantité de morue que l’on prépare à Saint-Jean ; chez M. Sirois seulement, les vigneaux où sèche la morue atteindraient, mis bout à bout, une longueur totale d’une lieue et