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BAIE-DE-LA-TRINITÉ — ÎLETS-CARIBOU

goélette et dans les autres qui croisent en divers endroits de la Côte et le transporte rapidement sur le marché de Québec.

Le temps de la pêche au saumon n’est pas encore fini, que la morue arrive. Généralement, c’est dans les premiers jours de juillet qu’elle entre en scène ; elle joue son rôle jusqu’au mois de novembre.

Les Îlets-Caribou sont assez renommés comme endroit de pêche à la morue. Mais, ici comme ailleurs, les années se suivent et ne se ressemblent pas, même en cette matière ; et rien n’est inconstant comme le rendement de la grande pêche. Quinze à vingt barges constituent la flotte de pêche, aux Îlets-Caribou, et s’éloignent depuis un mille jusqu’à trois milles au large, pour rencontrer les bancs de morue. La bouette, c’est-à-dire l’appât dont on se sert ici pour engager la morue à s’accrocher elle-même au perfide hameçon, c’est le hareng, c’est le lançon ; et à défaut de ces poissons, on emploie les clams, mollusques bivalves qu’il faut aller déterrer dans le sable où ils s’enfoncent durant la marée basse.

La morue prise aux Îlets-Caribou et dans les environs n’est pas destinée à l’exportation. Chaque pêcheur sale et met en baril ce qu’il en prend, puis vend ce poisson aux commerçants dont les goélettes voyagent sans cesse le long de la Côte, ou bien il l’expédie à Québec.

Durant l’automne, on fait aussi la pêche du hareng.

On estime à cinq cents piastres le revenu annuel de l’habitant des Îlets-Caribou qui se livre à la chasse au loup marin, à la pêche du hareng, du saumon et de la morue. Sans doute, il y a des années où les profits sont moins considérables. Mais cela n’empêche pas que beaucoup de cultivateurs et d’ouvriers des autres parties de la Province doivent, même dans les bonnes années, se contenter de moindres bénéfices.

* * *

Ce soir, Monseigneur a fait la bénédiction d’une superbe barge de pêche, la Sainte-Anne, que l’on mettra demain à la mer.