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LE MANOIR

tionnés. On finit par le maudire et le menacer. Il commençait à trouver aussi que je pénétrais trop dans les secrets de son art médical. Un bon jour il disparut, me laissant un billet où il me déclarait que nous ne nous reverrions plus. Il me léguait ses appareils scientifiques, et me conseillait de poursuivre ses travaux, si je voulais arriver à la découverte du grand œuvre. Par bonheur, je suis prudent ; avant d’allumer le feu, je fis une recherche soigneuse partout, et je découvris un petit baril de poudre caché sous l’âtre du foyer, sans doute pour me faire trouver ici mort et sépulture, afin qu’ainsi ses secrets ne fussent pas divulgués. Ai-je besoin de vous le dire ? cela me refroidit considérablement pour la poursuite des sciences occultes, et je me décidai à retourner à mon premier métier de maréchal. J’avais gagné l’amitié de cet intéressant garçon qui vous a conduit à ma forge, et qui rôdait souvent autour d’ici. Je lui fis part de mon projet et de l’embarras où j’étais pour le mettre à exécution. Grâce à la réputation de mon maître et à l’intelligence de Cyriaque, qui exploita la crédulité des paysans et des voyageurs, en me représentant comme une espèce de sorcier, on m’amena des chevaux à ferrer, à soigner. Je réussis mieux que je ne pourrais le dire. Néanmoins, cette réputation de sorcier me fait trembler, et je vous avoue que je ne serais pas fâché de quitter ce genre de vie pour un autre qui ne m’exposerait pas à la colère et à la vengeance de la populace, par laquelle je crains toujours d’être reconnu, cas où elle pourrait bien me faire un mauvais parti.

— Vous désireriez embrasser une autre carrière ? demanda DuPlessis.

— Oui, monsieur, mais je ne sais pas trop quoi faire maintenant pour gagner ma vie.

— Que diriez-vous, continua DuPlessis, si je