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MYSTÉRIEUX
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cherchant Taillefer, il l’avait trouvé à l’auberge et celui-ci lui avait appris qu’il était fort inquiet sur le sort de la dame amenée par lui aux Trois-Rivières, car il avait su le matin qu’une dame avait été enlevée en ville la nuit précédente par deux hommes, qui avaient pris la direction de l’ouest par le chemin du roi, et il ne doutait pas que ce ne fût la malheureuse dame du manoir de la Rivière-du-Loup.

Après toutes ces explications, qui ne firent qu’accroître l’anxiété de DuPlessis, il se mit en devoir de regagner le château pour connaître le résultat de la démarche de M. Hocquart et se préparer à courir au secours de Joséphine.

Lorsqu’il arriva dans la cour du château, il remarqua que l’expression des visages était tout autre qu’une heure auparavant. Les domestiques étaient rassemblés en groupe et ils tournaient leurs regards vers la grande salle du château d’un air inquiet et mystérieux. Il aperçut de Tonnancourt, qui vint à lui avec empressement et lui dit :

— Capitaine, on vous demande au château ; on vous attend avec impatience, pendant que vous vous promenez à cheval.

— Qu’y a-t-il donc ?

— Ma foi, je ne saurais vous l’apprendre. M. l’intendant vient de traverser le jardin et la cour en galopant, comme s’il eût voulu tout écraser sur son passage. Il a demandé une audience à Son Excellence, et dans ce moment il est enfermé avec elle et M. Bégon. On vous a demandé plusieurs fois.

DuPlessis s’empressa d’entrer et fut admis sur-le-champ auprès de Son Excellence. Le gouverneur se promenait à grands pas dans la salle, pendant que M. Hocquart, debout près d’un fauteuil, sur lequel il avait une main posée, demeurait immobile, la tête baissée.