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MYSTÉRIEUX
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CHAPITRE XXVII

UNE PROMESSE


Taillefer se décida donc à se placer dans l’allée du jardin où le cortège devait passer, pour attendre DuPlessis. Pendant qu’il observait ceux qui entraient, il se sentit tirer par la manche par quelqu’un dont il aurait voulu fuir la rencontre, à cause de son indiscrète curiosité ; mais il dissimula son mécontentement et dit :

— Ah ! c’est toi, mon petit rat.

— Oui, répondit Cyriaque, le rat qui a rongé les mailles du filet, quand le lion qui s’y est laissé prendre commençait à avoir l’air d’un âne.

— Mon petit Cyriaque, tu es piquant comme du vinaigre aujourd’hui. Mais, dis-moi, qu’as-tu pu dire à ce géant de gardien pour qu’il nous ait si courtoisement laissés passer ? De quel charme t’es-tu servi pour museler ce vieil ours ?

— Je ne devrais pas vous le dire à vous qui me cachez vos secrets ; mais je ne sais pas dissimuler, moi. Écoutez donc. Lorsque nous avons été près de cet honnête représentant de Huron, sa cervelle était troublée par un discours qu’on a composé pour lui et qui semble être au-dessus de son intelligence. Ce discours dû à l’éloquence de mon docte maître, Apollon Jacques, a été répété tant de fois devant moi, que je le sais par cœur, et j’ai reconnu de suite, à quelques mots, ce qui tourmentait le brave homme. Je lui en ai soufflé une couple de mots ; c’est alors qu’il m’a pris dans ses bras, et je lui ai promis, s’il vous laissait passer,