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MYSTÉRIEUX
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Pendant que Michel continuait à boire en attendant Cambrai, Léandre Gravel monta à la chambre du colporteur, qu’il trouva marchant d’un air inquiet.

— Vous vous êtes retiré bien subitement, dit l’aubergiste.

— Il était temps, monsieur Gravel, lorsque le diable venait s’asseoir au milieu de nous. Je ne parle pas de l’ivrogne, mais du petit vieux qui l’accompagne. Que viennent-ils faire ici ?

— Je ne puis vraiment le soupçonner, répondit l’aubergiste. Mais, mon bon monsieur, si vous voulez satisfaire votre maître, vous avez la plus belle occasion du monde. Mon neveu est à boire ; rien ne pourra lui faire quitter son flacon. Cambrai va arriver ici ; profitez des quelques instants que vous avez devant vous pour pénétrer au manoir. Votre balle de colifichets vous servira près des femmes pour vous introduire dans la maison.

— Merci du conseil, dit Taillefer, car c’était lui qui avait pris ce déguisement. Excellent stratagème, ajouta-t-il, mais si Cambrai allait rentrer ?

— C’est, ma foi, possible, dit l’aubergiste ; cependant, vous ne pouvez pas espérer arriver à quelque chose sans rien hasarder.

— Dites-moi seulement, digne M. Gravel, est-ce que le vieillard qui est avec votre neveu, se rend aussi au manoir ?

— Certainement ; on a même déjà porté tout leur bagage au manoir.

— C’en est assez, reprit Taillefer. Je confondrai les projets que doit avoir ce vieux scélérat ; et la crainte que m’inspire son horrible personne ne saurait m’arrêter pour empêcher un crime.

En parlant ainsi, il mit sur son épaule sa balle de marchandises, sortit par une porte de derrière, et se dirigea vers le manoir.