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livre ii, épitre i.

le char inconstant de la Gloire est tué par l’indifférence du spectateur et enflé d’orgueil par son attention. Très peu de chose abat ou ranime un esprit avide de louange. Bonne santé à l’art du théâtre, si je dois maigrir ou engraisser pour une palme refusée ou accordée.

Souvent aussi ceci rebute et effraye le poëte audacieux : ceux qui forment le plus grand nombre et sont moindres en vertu et en honneur, ignorants et stupides, prêts à se battre si les chevaliers ne pensent pas comme eux, demandent, au beau milieu des vers, soit un ours, soit des pugilistes ; car c’est cela qui plaît à la populace. Les chevaliers eux-mêmes échangent déjà le plaisir de l’oreille pour les caprices et les vaines joies des yeux. Les tapis seront foulés pendant quatre heures et plus, pendant que défileront des bandes de cavaliers et de piétons. Puis voici la destinée des rois, les mains liées derrière le dos ; puis les chars se hâtant, les