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satires.

poudré de safran Corycien, on l’arrose d’huile retirée par le pressoir des olives de Vénafrum.

Les fruits de Tibur le cèdent en saveur à ceux du Picénum, mais ils l’emportent par l’apparence. Il convient de mettre les raisins de Vénusia dans des pots de terre, mais tu conserveras mieux le raisin Albain à la fumée. J’ai le premier imaginé de servir ce raisin dans de beaux plats, autour de la table, avec des grenades, de la lie, une sardine saumurée, du poivre blanc et du sel noir. C’est un vice horrible de donner au marché trois mille sesterces pour entasser sur un plat étroit des poissons qui s’en échappent. Le dégoût soulève l’estomac, soit que l’esclave ait manié la coupe avec des doigts graisseux qu’il lèche furtivement, soit que la lie soit restée attachée à un vieux cratère. Achète-t-on si cher des balais, des torchons, de la sciure de bois ? C’est un grand tort de négliger cela. Ferais-tu rayer des mosaïques par une palme boueuse et