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Quoique le nombre des mots terminés en ier, iera, soit très-considérable, on trouve dans tous l’idée de production, de réunion, de profession ou de multiplication ; et si l’on voulait faire de cette donnée des applications particulières, on verrait, par exemple, que le nom de Canebière, donné à un des plus beaux quartiers de Marseille, ne peut tenir qu’à l’une de ses trois causes : à ce que l’on cultivait, vendait ou travaillait le chanvre dans ce lieu. C’est par l’histoire, l’examen du local et de sa position, qu’on doit ensuite voir à la quelle de ces circonstances il convient le mieux d’en attribuer l’origine.

Puy-loubier, est un lieu très-connu aux environs d’Aix. Ce nom est composé de puy, qui vient de podium, coteau, montagne, élévation ; de loub, et d’ier, ce qui signifie littéralement montagne abondante en loups, ou la colline aux loups, etc., c’est aujourd’hui un village.

ALHA, alh, (àille, áill.)

Terminaison collective qui donne aux mots auxquels elle est unie l’idée de généralité, de collection , d’ensemble, de pluralité. Elle paraît dérivée d’all, qui dans les langues germaniques signifie tout, l’univers, le tout ensemble ; d’où all adj. en anglais, tout, toute ; all men, tous les hommes, all-saints, la Toussaint, etc. C’est ainsi que se sont formés dans notre langue : antiqu-alha, tout ce qui est antique ; belitr-alha, les bélitres en général ; can-alha, tous les chiens, et fig. toute la gueusaille ; ferr-alha. tout le mauvais fer ; fut-alha, tout ce qui est fait de fut, c’est-à-dire, de bois et cylindrique ; gran-alha, tout le grain ou ce qui est en grain ; gus-alha, tous les gueux ; mandi-alha, les mandiants en général ; marm~allia, tous les marmots ; mange-alha, tout ce qu’on mange ; mars-alha, tout ce qu’on sème en mars ; hortoul-alha, toutes les herbes des jardins ; pierr-alha, toutes les pierres ; poul-alha, les poules en général ; rim-allia, les mauvaises rimes ; trip-alha, tous les boyaux d’un animal ; voul-alha, tout ce qui vole, etc. etc. Cette terminaison emporte souvent avec elle un sens dépréciatif, comme dans ferralha, rimalha.

L’étude des prépositions mérite la même attention que celle des désinences, parce que ce ne peut-être que par la connaissance des modifications qu’elles apportent aux radicaux, qu’on peut parvenir à découvrir le sens intime des mots, sans le secours des définitions.

DE, des, préposition qui marque, en composition ; éloignement , de haut en bas , privation , des-