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Onc ne vis, — et du Sort j’admire le caprice, —
Homme ou femme à quelqu’un être plus ressemblant
Que ne l’est cet éphèbe au rejeton d’Ulysse,
Télémaque, laissé bambin par ce vaillant,
Quand vous vîntes, les Grecs, pour moi, face de chienne,
Livrer sous Ilion de terribles combats. »

En ces mots répondit le blond roi Ménélas :
« Ta pensée est d’accord, ô femme, avec la mienne.
Oui, ce sont là les pieds et les mains du héros,
L’éclair de ses regards, son front, sa chevelure.
Lorsque, me souvenant d’Ulysse à l’aventure,
J’ai dit combien pour moi son corps souffrit de maux,
Ce jeune homme a versé plus d’une larme amère
Et s’est couvert les yeux de son manteau pourpré. »

Pisistrate aussitôt, d’un accent pénétré :
« Atride Ménélas, fils de Zeus, chef prospère,
C’est bien l’enfant d’Ulysse, ainsi que tu le dis.
Mais, convive nouveau, surtout esprit modeste,
Il craint de proférer des discours trop hardis
Devant toi, dont la langue a le miel d’un Céleste.
L’écuyer Gérénin, Nestor, m’a député
Pour lui servir de guide : en effet, il désire
De toi-même savoir ce qu’il doit faire ou dire.
Le fils d’un père absent végète maltraité
Dans sa propre maison, faute de soutiens fermes.
Ainsi pour Télémaque : au loin court son auteur,
Et nul de ses sujets ne l’arrache au malheur. »

Le blond roi Ménélas répondit en ces termes :
« Grands dieux ! j’ai donc chez moi le fils de l’homme cher