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S’en va quérir main-forte ; il le désire certe.
Ou bien il veut gagner le sol toujours fécond
D’Éphyre, pour avoir des poisons énergiques,
En charger nos boissons, nous plonger au tombeau. »
Un autre de ces fous disait ces mots cyniques :
« Qui sait si, ballotté sur un mince bateau,
Errant, il ne mourra lui-même comme Ulysse !
Lors il nous donnerait un surcroît de labeurs ;
Car on vendrait ses biens, laissant cet édifice
À sa mère, à l’élu, maître de ses faveurs. »

Ils jasaient… lui descend au cellier de son père,
Pièce vaste, voûtée, où sont l’or et l’airain,
Des coffres pleins d’habits, et l’huile odorifère.
En ordre se rangeaient le long du souterrain
Des jarres contenant un vin vieux, délectable,
Un pur et vrai nectar pour Ulysse gardé,
S’il revenait jamais d’un exil lamentable.
Un huis à deux battants fermait, consolidé,
Ce poste où nuit et jour restait comme intendante,
Et veillait prudemment sur l’immense trésor,
Euryclée, enfant d’Ops issu de Pisénor.

Télémaque, appelant la vieille gouvernante :
« Nourrice, en mainte amphore, allons, puise un bon vin,
Le plus doux après ceux qu’ici-même tu serres
Pour ton malheureux roi : si pourtant ce divin
Retourne, s’échappant de la mort et des Kères.
Remplis-en douze pots, que bouchent liège et poix.
Verse de la farine en des outres bien closes ;
Je veux, en blé moulu, vingt mesures de choix.
Toi seule auras mon plan. Groupe toutes ces choses ;