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Si tu sais nous conter ces choses-là de verve,
Je proclamerai, moi, désormais en tout lieu,
Que Phœbus t’a soufflé tes chansons palpitantes. »

L’aède préluda sous l’effluve d’un Dieu.
D’abord il dit comment, ayant brûlé ses tentes,
Des Argiens s’enfuit le contingent naval.
Mais d’autres Grecs, d’Ulysse escorte bénévole,
Restaient au sein de Troie, à l’abri du cheval
Par les mêmes Troyens traîné dans l’acropole.
Il était là ; le peuple incertain et bruyant
L’entourait : trois avis partageaient l’affluence,
Ou d’ouvrir, hache en main, ce colosse effrayant,
Ou de le rompre aux rocs, du haut de l’emmenée,
Ou de l’offrir aux Dieux comme expiation.
Ce troisième conseil eut réussite pleine,
Car le Destin voulait que pérît Ilion,
Dès qu’entrerait le monstre où l’élite achéenne
Siégeait, prête à semer la flamme et le trépas.
Le chantre dit après les enfants de la Grèce
Quittant, pour en finir, leur caverne traîtresse ;
Il montra ces héros pillant tout sur leurs pas.
Ulysse, à Mars pareil, au toit de Déiphobe
S’élance, accompagné du divin Ménélas,
El brave mille morts auxquelles le dérobe,
En assurant ses coups, la fidèle Pallas.

Voilà ce que chantait l’aède plein de charmes ;
Mais Ulysse pleurait, tristement absorbé.
Comme une jeune épouse arrose de ses larmes
Le corps d’un cher mari, sous ses remparts tombé
Pour défendre du joug son foyer et sa ville ;