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Va, cerné d’attillons qu’allume leur essaim.
La flamme autour s’élève et l’onde à point bouillonne.
Arété cependant rapporte à l’étranger
Un beau coffre où sa main s’empresse de ranger
L’or et les fins tissus que chaque roi lui donne.
Elle-même y dépose et tunique et manteau,
Puis darde au voyageur cette phrase empennée :
« Visite le couvercle et l’astreins d’un cordeau,
De façon qu’au parcours de la nef goudronnée,
Pendant ton doux sommeil, rien ne te soit soustrait. »
Prévenu, le guerrier à science multiple
Ajuste le couvercle, et le clôt d’un nœud triple
Dont l’habile Circé lui donna le secret.
Bientôt de se baigner l’intendante le prie ;
Il descend dans la cuve et s’y roule joyeux,
Car l’eau tiède manquait à sa peau défleurie
Depuis qu’il délaissa Calypse aux longs cheveux.
Chez elle il eut toujours d’un dieu le corps limpide.
Après qu’il fut lavé, bien parfumé d’onguents,
Vêtu d’un blanc chiton, d’une pourpre chlamyde,
Le preux marcha du bain aux convives fringants.

Brillante des attraits de sa beauté céleste,
Nausicaa, debout sur le seuil carrelé,
D’Ulysse contemplait la splendeur manifeste
Et le flatta soudain de ce langage ailé :
« Adieu, cher voyageur ! rentré dans ta patrie,
Daigne penser à moi qui préservai tes jours. »

Ulysse répondit, homme de bon discours :
« Douce Nausicaa, d’Alcine enfant chérie,
Que si j’obtiens de Zeus, l’époux tonnant d’Héré,