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Hors la cour, au palais attenait un jardin
Large de quatre arpents, clôturé d’aubépine.
Là des arbres poussaient mille jets vigoureux
Portant pomme dorée et grenade pourprine,
Et poire, verte olive, aubicon savoureux.
Nul rameau de ces fruits ne croissait économe,
Soit l’hiver, soit l’été ; le souffle du Zéphyr
Faisait naître les uns, les autres se mûrir :
D’où poire après la poire et pomme après la pomme,
Enfin figue sur figue et raisin sur raisin.
Car on voyait plus loin une vigne bénie
Dont les grappes séchaient en une aire aplanie,
Aux rayons du soleil, ou qu’un pressoir voisin
Recevait des paniers ; bourgeons drus et prospères
Aux raisins déjà noirs succédaient constamment.
La suite du terrain de plantes potagères
Offrait, toute l’année, un vaste assortiment.
Deux sources jaillissaient de ce milieu fertile :
L’une arrosait l’enclos, l’autre, courant dehors
Sous la porte d’entrée, alimentait la ville.
D’Alcine, grâce aux dieux, tels étaient les trésors.

Le noble et sage Ulysse admirait, bouche bée.
Quand son cœur eut joui de ce tableau serein,
Du palais il franchit le seuil d’une enjambée.
Il vit les chefs, les rois, faisant, la coupe en main,
D’amples libations au subtil Argicide
Qu’on fêtait le dernier, à l’heure du chevet.
Mais, traversant les cours, le héros intrépide,
Ceint de l’épais brouillard dont Pallas le revêt,
Vole auprès d’Arété, du magnanime Alcine.
Et le preux de la reine embrassa les genoux ;