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HYMNE XXXIII.

À Dèmètèr.

Je commence par chanter Dèmètèr aux beaux cheveux, vénérable Déesse, elle et sa fille aux belles chevilles qu’Aidôneus, du consentement du retentissant Zeus au large regard, enleva loin de Dèmètèr à la faucille d’or et aux beaux fruits, comme elle jouait avec les filles aux seins profonds d’Okéanos, cueillant des fleurs, des roses, du safran et de belles violettes, dans une molle prairie, des glaïeuls et des hyacinthes, et un narcisse que Gaia avait produit pour tromper la Vierge à la peau rosée, par la volonté de Zeus, et afin de plaire à Aidôneus l’insatiable. Et ce narcisse était beau à voir, et tous ceux qui le virent l’admirèrent, Dieux immortels et hommes mortels. Et de sa racine sortaient cent têtes, et tout le large Ouranos supérieur, et toute la terre et l’abîme salé de la mer riaient de l’odeur embaumée.

Et la Vierge, surprise, étendit les deux mains en même temps pour saisir ce beau jouet ; mais voici que la vaste terre s’ouvrit dans les plaines de Nysios, et le Roi insatiable, illustre fils de Kronos, s’en élança, porté par ses chevaux immortels. Et il l’enleva de force et la porta pleurante sur son char d’or. Et elle criait à haute voix, invoquant le Père Kroniôn, le très puissant et le très suprême ; mais aucun des Dieux immortels ni des hommes mortels n’entendit sa voix ni celles de ses compagnes aux mains pleines de belles fleurs.

Seule, la bienveillante fille de Persaios, Hékatè aux brillantes bandelettes, l’entendit du fond de son antre ; et le