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nourricière les enferme, encore vivants, et, sous la terre, ils sont honorés par Zeus. Ils vivent l’un après l’autre et meurent de même, et sont également honorés par les Dieux.

Puis, je vis Iphimédéia, femme d’Aôleus, et qui disait s’être unie à Poseidaôn. Et elle enfanta deux fils dont la vie fut brève, le héros Otos et l’illustre Éphialtès, et ils étaient les plus grands et les plus beaux qu’eût nourris la terre féconde, après l’illustre Oriôn. Ayant neuf ans, ils étaient larges de neuf coudées, et ils avaient neuf brasses de haut. Et ils menacèrent les Immortels de porter dans l’Olympos le combat de la guerre tumultueuse. Et ils tentèrent de poser l’Ossa sur l’Olympos et le Pèlios boisé sur l’Ossa, afin d’atteindre l’Ouranos. Et peut-être eussent-ils accompli leurs menaces, s’ils avaient eu leur puberté ; mais le fils de Zeus, qu’enfanta Lètô aux beaux cheveux, les tua tous deux, avant que le duvet fleurît sur leurs joues et qu’une barbe épaisse couvrît leurs mentons.

Puis, je vis Phaidrè, et Prokris, et la belle Ariadnè, fille du sage Minôs, que Thèseus conduisit autrefois de la Krètè dans la terre sacrée des Athénaiens ; mais il ne le put pas, car Artémis, sur l’avertissement de Dionysos, retint Ariadnè dans Diè entourée des flots.

Puis, je vis Mairè, et Klyménè, et la funeste Ériphylè qui trahit son mari pour de l’or.

Mais je ne pourrais ni vous dire combien je vis de femmes et de filles de héros, ni vous les nommer avant la fin de la nuit divine. Voici l’heure de dormir, soit dans la nef rapide avec mes compagnons, soit ici ; car c’est aux Dieux et à vous de prendre soin de mon départ.

Il parla ainsi, et tous restèrent immobiles et pleins de plaisir dans la demeure obscure. Alors, Arètè aux bras blancs parla la première :

— Phaiakiens, que penserons-nous de ce héros, de sa