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— Tlèpolémos, certes, Hèraklès renversa la sainte Ilios, grâce à la témérité de l’illustre Laomédôn qui lui adressa injustement de mauvaises paroles et lui refusa les cavales qu’il était venu chercher de si loin. Mais, pour toi, je te prédis la mort et la noire Kèr, et je vais t’envoyer, tué par ma pique et me donnant une grande gloire, vers Aidès qui a d’illustres chevaux.

Sarpèdôn parla ainsi. Et Tlèpolémos leva sa pique de frêne, et les deux longues piques s’élancèrent en même temps de leurs mains. Et Sarpèdôn le frappa au milieu du cou, et la pointe amère le traversa de part en part. Et la noire nuit enveloppa les yeux de Tlèpolémos. Mais celui-ci avait percé de sa longue pique la cuisse gauche de Sarpèdôn, et la pointe était restée engagée dans l’os, et le Kronide, son père, avait détourné la mort de lui. Et les braves compagnons de Sarpèdôn l’enlevèrent hors de la mêlée. Et il gémissait, traînant la longue pique de frêne restée dans la blessure, car aucun d’eux n’avait songé à l’arracher de la cuisse du guerrier, pour qu’il pût monter sur son char, tant ils se hâtaient.

De leur côté, les Akhaiens aux belles knèmides emportaient Tlèpolémos hors de la mêlée. Et le divin Odysseus au cœur ferme, l’ayant aperçu, s’affligea dans son âme ; et il délibéra dans son esprit et dans son cœur s’il poursuivrait le fils de Zeus qui tonne hautement, ou s’il arracherait l’âme à une multitude de Lykiens. Mais il n’était point dans la destinée du magnanime Odysseus de tuer avec l’airain aigu le brave fils de Zeus. C’est pourquoi Athènè lui inspira de se jeter sur la foule des Lykiens. Alors il tua Koiranos et Alastôr, et Khromios et Alkandros et Halios, et Noèmôn et Prytanis. Et le divin Odysseus eût tué une plus grande foule de Lykiens, si le grand Hektôr au casque mouvant ne l’eût aperçu. Et il s’élança aux premiers rangs, armé de l’airain éclatant, jetant la terreur parmi les Da-