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nous l’ensevelirons, et le peuple fera le repas funèbre ; le onzième, nous le placerons dans le tombeau, et, le douzième, nous combattrons de nouveau, s’il le faut.

Et le divin Akhilleus aux pieds rapides lui répondit :

— Vieillard Priamos, il en sera ainsi, selon ton désir ; et pendant ce temps, j’arrêterai la guerre.

Ayant ainsi parlé, il serra la main droite du vieillard afin qu’il cessât de craindre dans son cœur. Et le héraut et Priamos, tous deux pleins de sagesse, s’endormirent sous le portique de la tente. Et Akhilleus s’endormit dans le fond de sa tente bien construite, et Breisèis aux belles joues coucha auprès de lui.

Et tous les dieux et les hommes qui combattent à cheval dormaient dans la nuit, domptés par le doux sommeil ; mais le sommeil ne saisit point le bienveillant Herméias, qui songeait à emmener le roi Priamos du milieu des nefs, sans être vu des gardes sacrés des portes. Et il s’approcha de sa tête et il lui dit :

— Ô vieillard ! ne crains-tu donc aucun malheur, que tu dormes ainsi au milieu d’hommes ennemis, après qu’Akhilleus t’a épargné ? Maintenant que tu as racheté ton fils bien-aimé par de nombreux présents, les fils qui te restent en donneront trois fois autant pour te racheter vivant, si l’Atréide Agamemnôn te découvre, et si tous les Akhaiens l’apprennent.

Il parla ainsi, et le vieillard trembla ; et il ordonna au héraut de se lever. Et Herméias attela leurs mulets et leurs chevaux, et il les conduisit rapidement à travers le camp, et nul ne les vit. Et quand ils furent arrivés au gué du fleuve au beau cours, du Xanthos tourbillonnant que l’immortel Zeus engendra, Herméias remonta vers le haut Olympos.

Et déjà Éôs au péplos couleur de safran se répandait