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poussière se fût élevée. Ainsi le divin Odysseus chauffait de son souffle la tête d’Aias. Et tous les Akhaiens applaudissaient à son désir de la victoire et l’excitaient à courir. Et comme ils approchaient du but, Odysseus pria en lui-même Athènè aux yeux clairs :

— Exauce-moi, déesse ! soutiens-moi heureusement dans ma course.

Il parla ainsi ; et Pallas Athènè, l’exauçant, rendit ses membres plus agiles et ses pieds plus légers. Et comme ils revenaient aux prix, Athènè poussa Aias qui tomba, en courant, là où s’était amassé le sang des bœufs mugissants qu’Akhilleus aux pieds rapides avait tués devant le corps de Patroklos ; et sa bouche et ses narines furent emplies de fumier et du sang des bœufs ; et le divin et patient Odysseus, le devançant, saisit le kratère d’argent. Et l’illustre Aias prit le bœuf ; et se tenant d’une main à l’une des cornes du bœuf sauvage, et rejetant le fumier de sa bouche, il dit au milieu des Argiens :

— Malheur à moi ! certes, la déesse Athènè a embarrassé mes pieds, elle qui accompagne et secourt toujours Odysseus, comme une mère.

Il parla ainsi, et tous, en l’entendant, se mirent à rire. Et Antilokhos enleva le dernier prix, et il dit en riant aux Argiens :

— Je vous le dis à tous, et vous le voyez, amis ; maintenant et toujours, les immortels honorent les vieillards. Aias est un peu plus âgé que moi ; mais Odysseus est de la génération des hommes anciens. Cependant, il a une verte vieillesse, et il est difficile à tous les Akhaiens, si ce n’est à Akhilleus, de lutter avec lui à la course.

Il parla ainsi, louant le Pèléiôn aux pieds rapides. Et Akhilleus lui répondit :

— Antilokhos, tu ne m’auras point loué en vain, et je te donnerai encore un autre demi-talent d’or.