Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/432

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ayant ainsi parlé, il exhorta ses chevaux et leur cria :

— Ne me retardez pas, et n’ayez point le cœur triste. Leurs pieds et leurs genoux seront plus tôt fatigués que les vôtres, car ils sont vieux tous deux.

Il parla ainsi, et ses chevaux, effrayés par la voix du Roi, s’élancèrent, et atteignirent aussitôt ceux d’Antilokhos.

Cependant les Argiens, assis dans le stade, regardaient les chars qui volaient dans la plaine, en soulevant la poussière. Et Idoméneus, chef des Krètois, les vit le premier. Étant assis hors du stade, sur une hauteur, il entendit une voix qui excitait les chevaux, et il vit celui qui accourait le premier, dont toute la robe était rouge, et qui avait au front un signe blanc, rond comme l’orbe de Sélénè. Et il se leva et dit aux Argiens :

— Ô amis, princes et chefs des Argiens, voyez-vous ces chevaux comme moi ? Il me semble que ce sont d’autres chevaux et un autre conducteur qui tiennent maintenant la tête. Peut-être les premiers au départ ont-ils subi un malheur dans la plaine. Je les ai vus tourner la borne et je ne les vois plus, et cependant j’embrasse toute la plaine troienne. Ou les rênes auront échappé au conducteur et il n’a pu tourner la borne heureusement, ou il est tombé, brisant son char, et ses juments furieuses se sont dérobées. Mais regardez vous-mêmes ; je ne vois point clairement encore ; cependant, il me semble que c’est un guerrier Aitôlien qui commande parmi les Argiens, le brave fils de Tydeus dompteur de chevaux, Diomèdès.

Et le rapide Aias, fils d’Oileus, lui répondit amèrement :

— Idoméneus, pourquoi toujours bavarder ? Ce sont ces mêmes juments aux pieds aériens qui arrivent à travers la vaste plaine. Tu n’es certes pas le plus jeune parmi les Argiens, et les yeux qui sortent de ta tête ne sont point les plus perçants. Mais tu bavardes sans cesse. Il ne te convient pas de tant parler, car beaucoup d’autres ici valent mieux