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davre de Patroklos. Les insensés ! Il devait plutôt arracher, sur ce cadavre, l’âme de beaucoup d’entre eux. Et il dit au brave Ménélaos :

— Divin Ménélaos, ô ami ! je n’espère pas que nous revenions de ce combat, et, certes, je crains moins pour le cadavre de Patroklos, que les chiens troiens et les oiseaux carnassiers vont bientôt dévorer, que pour ma tête et la tienne, car Hektôr couvre le champ de bataille comme une nuée, et la lourde ruine pend sur nous. Hâte-toi, appelle les princes des Danaens, s’ils t’entendent.

Il parla ainsi, et le brave Ménélaos s’empressa d’appeler à grands cris les Danaens :

— Ô amis ! Princes et chefs des Argiens, vous qui mangez aux repas des Atréides Agamemnôn et Ménélaos, et qui commandez les phalanges, car tout honneur et toute gloire viennent de Zeus ; comme il m’est difficile de vous reconnaître dans le tourbillon de la mêlée, que chacun de vous accoure de lui-même, indigné que Patroklos soit livré en pâture aux chiens troiens.

Il parla ainsi, et le rapide Aias, fils d’Oileus, vint le premier, en courant à travers la mêlée, et, après lui, Idoméneus, et le compagnon d’Idoméneus, Mèrionès, semblable au tueur d’hommes Arès. Mais qui pourrait, dans son esprit, dire les noms de tous ceux qui vinrent rétablir le combat des Akhaiens ?

Et les Troiens avançaient, et Hektôr les menait. De même que le large courant d’un fleuve tombé de Zeus se précipite à la mer, et que la mer s’enfle hors de son lit, et que les rivages résonnent au loin ; de même retentissait la clameur des Troiens. Mais les Akhaiens se tenaient debout autour du Ménoitiade, n’ayant qu’une âme et couverts de leurs boucliers d’airain. Et Zeus répandait une nuée épaisse sur leurs casques éclatants ; car il n’avait point haï le Ménoitiade pendant que, vivant, il était le compagnon de