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boire tous deux ; mais le lion dompte avec violence le sanglier haletant. Ainsi le Priamide Hektôr arracha l’âme du brave fils de Ménoitios, et, plein d’orgueil, il l’insulta par ces paroles ailées :

— Patroklos, tu espérais sans doute renverser notre Ville et emmener, captives sur tes nefs, nos femmes, dans ta chère terre natale ? Ô insensé ! c’est pour les protéger que les rapides chevaux de Hektôr l’ont mené au combat, car je l’emporte par ma lance sur tous les Troiens belliqueux, et j’éloigne leur dernier jour. Mais toi, les oiseaux carnassiers te mangeront. Ah ! malheureux ! le brave Akhilleus ne t’a point sauvé, lui qui, t’envoyant combattre, tandis qu’il restait, te disait sans doute : — Ne reviens point, dompteur de chevaux Patroklos, dans les nefs creuses, avant d’avoir arraché de sa poitrine la cuirasse sanglante du tueur d’hommes Hektôr. Il t’a parlé ainsi sans doute, et il t’a persuadé dans ta démence !

Et le cavalier Patroklos, respirant à peine, lui répondit :

— Hektôr, maintenant tu te glorifies, car le Kronide et Apollôn t’ont donné la victoire. Ils m’ont aisément dompté, en m’enlevant mes armes des épaules ; mais, si vingt guerriers tels que toi m’avaient attaqué, ils seraient tous morts par ma lance. C’est la Moire violente et le fils de Lètô, et, parmi les hommes, Euphorbos, qui me tuent ; mais toi, tu n’es venu que le dernier. Je te le dis, garde mes paroles dans ton esprit : Tu ne vivras point longtemps, et ta mort est proche. La Moire violente va te dompter par les mains de l’irréprochable Aiakide Akhilleus.

Il parla ainsi et mourut, et son âme abandonna son corps et descendit chez Aidès, en pleurant sa destinée, sa force et sa jeunesse.

Et l’illustre Hektôr répondit au cadavre du Ménoitiade :

— Patroklos, pourquoi m’annoncer la mort ? Qui sait si