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— Déesse Iris, tu as bien parlé. Il est bon qu’un messager possède la prudence ; mais une amère douleur emplit mon esprit et mon cœur quand Zeus veut, par des paroles violentes, réduire son égal en honneurs et en droits. Je céderai, quoique indigné ; mais je te le dis, et je le menacerai de ceci : Si, malgré nous, — moi, la dévastatrice Athènè, Hèrè, Hermès et le roi Hèphaistos, — il épargne la haute Ilios et refuse de la détruire et de donner la victoire aux Argiens, qu’il sache que notre haine sera inexorable.

Ayant ainsi parlé, il laissa le peuple des Akhaiens et rentra dans la mer. Et les héros Akhaiens le regrettaient. Et alors Zeus qui amasse les nuées dit à Apollôn :

— Va maintenant, cher Phoibos, vers Hektôr armé d’airain, car voici que Celui qui ébranle la terre est rentré dans la mer, fuyant ma fureur. Certes, ils auraient entendu un combat terrible les Dieux souterrains qui vivent autour de Kronos ; mais il vaut mieux pour tous deux que, malgré sa colère, il ait évité mes mains, car cette lutte aurait fait couler de grandes sueurs. Mais toi, prends l’Aigide aux franges d’or, afin d’épouvanter, en la secouant, les héros Akhaiens. Archer, prends soin de l’illustre Hektôr et remplis-le d’une grande force, pour qu’il chasse les Akhaiens jusqu’aux nefs et jusqu’au Hellespontos ; et je songerai alors comment je permettrai aux Akhaiens de respirer.

Il parla ainsi, et Apollôn se hâta d’obéir à son père. Et il descendit du faîte de l’Ida, semblable à un épervier tueur de colombes, et le plus impétueux des oiseaux. Et il trouva le divin Hektôr, le fils du sage Priamos, non plus couché, mais assis, et se ranimant, et reconnaissant ses compagnons autour de lui. Et le râle et la sueur avaient disparu par la seule pensée de Zeus tempêtueux. Et Apollôn s’approcha et lui dit :

— Hektôr, fils de Priamos, pourquoi rester assis, sans forces, loin des tiens ? Es-tu la proie de quelque douleur ?