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dire au roi Poseidaôn qu’il se retire de la mêlée, et qu’il rentre dans ses demeures ; et que Phoibos Apollôn ranime les forces de Hektôr et apaise les douleurs qui l’accablent, afin que le Priamide attaque de nouveau les Akhaiens et les mette en fuite. Et ils fuiront jusqu’aux nefs du Pèléide Akhilleus qui suscitera son compagnon Patroklos. Et l’illustre Hektôr tuera Patroklos devant Ilios, là où celui-ci aura dompté une multitude de guerriers, et, entre autres, mon fils, le divin Sarpèdôn. Et le divin Akhilleus, furieux, tuera Hektôr. Et, désormais, je repousserai toujours les Troiens loin des nefs, jusqu’au jour où les Akhaiens prendront la haute Ilios par les conseils d’Athènè. Mais je ne déposerai point ma colère, et je ne permettrai à aucun des Immortels de secourir les Danaens, tant que ne seront point accomplis et le désir du Pèléide et la promesse que j’ai faite par un signe de ma tête, le jour où la Déesse Thétis, embrassant mes genoux, m’a supplié d’honorer Akhilleus, le dévastateur de citadelles.

Il parla ainsi, et la Déesse Hèrè aux bras blancs se hâta de monter des cimes de l’Ida dans le haut Olympos. Ainsi vole la pensée d’un homme qui, ayant parcouru de nombreuses contrées et se souvenant de ce qu’il a vu, se dit : J’étais là ! La vénérable Hèrè vola aussi promptement, et elle arriva dans l’assemblée des Dieux, sur le haut Olympos où sont les demeures de Zeus. Et tous se levèrent en la voyant, et lui offrirent la coupe qu’elle reçut de Thémis aux belles joues, car celle-ci était venue la première au-devant d’elle et lui avait dit en paroles ailées :

— Hèrè, pourquoi viens-tu, toute troublée ? Est-ce le fils de Kronos, ton époux, qui t’a effrayée ?

Et la déesse Hèrè aux bras blancs lui répondit :

— Divine Thémis, ne m’interroge point. Tu sais combien son âme est orgueilleuse et dure. Préside le festin des Dieux dans ces demeures. Tu sauras avec tous les Immor-