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que d’intelligence ou d’activité, mais parce qu’il me regarde et attend que je lui donne l’exemple. Mais voici qu’il s’est levé avant moi et qu’il m’a rencontré. Et je l’ai envoyé appeler ceux que tu nommes. Allons ! nous les trouverons devant les portes, au milieu des gardes ; car c’est là que j’ai ordonné qu’ils se réunissent.

Et le cavalier Gérennien Nestôr lui répondit :

— Nul d’entre les Argiens ne s’irritera contre lui et ne résistera à ses exhortations et à ses ordres.

Ayant ainsi parlé, il se couvrit la poitrine d’une tunique, attacha de belles sandales à ses pieds robustes, agrafa un manteau fait d’une double laine pourprée, saisit une forte lance à pointe d’airain et s’avança vers les nefs des Akhaiens cuirassés. Et le cavalier Gérennien Nestôr, parlant à haute voix, éveilla Odysseus égal à Zeus en prudence ; et celui-ci, aussitôt qu’il eut entendu, sortit de sa tente et leur dit :

— Pourquoi errez-vous seuls auprès des nefs, à travers le camp, au milieu de la nuit divine ? Quelle nécessité si grande vous y oblige ?

Et le cavalier Gérennien Nestôr lui répondit :

— Laertiade, issu de Zeus, subtil Odysseus, ne t’irrite pas. Une profonde inquiétude trouble les Akhaiens. Suis-nous donc et éveillons chaque chef, afin de délibérer s’il faut fuir ou combattre.

Il parla ainsi, et le subtil Odysseus, étant rentré sous sa tente, jeta un bouclier éclatant sur ses épaules et revint à eux. Et ils se rendirent auprès du Tydéide Diomèdès, et ils le virent hors de sa tente avec ses armes. Et ses compagnons dormaient autour, le bouclier sous la tête. Leurs lances étaient plantées droites, et l’airain brillait comme l’éclair de Zeus. Et le héros dormait aussi, couché sur la peau d’un bœuf sauvage, un tapis splendide sous la tête. Et le cavalier Gérennien Nestôr, s’approchant, le poussa du pied et lui parla rudement :