Page:Homère - Iliade, trad. Leconte de Lisle.djvu/150

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Athènè et Hèrè, pourquoi êtes-vous ainsi affligées ? Vous ne vous êtes point longtemps fatiguées, du moins, dans la bataille qui illustre les guerriers, afin d’anéantir les Troiens pour qui vous avez tant de haine. Non ! Tous les Dieux de l’Olympos ne me résisteront point, tant la force de mes mains invincibles est grande. La terreur a fait trembler vos beaux membres avant d’avoir vu la guerre et la mêlée violente. Et je le dis, et ma parole se serait accomplie : frappées toutes deux de la foudre, vous ne seriez point revenues sur votre char dans l’Olympos qui est la demeure des Immortels.

Et il parla ainsi, et Athènè et Hèrè gémissaient, assises à côté l’une de l’autre, et méditant le malheur des Troiens. Et Athènè restait muette, irritée contre son père Zeus, et une sauvage colère la brûlait ; mais Hèrè ne put contenir la sienne, et elle dit :

— Très-dur Kronide, quelle parole as-tu dite ? Nous savons bien que ta force est grande, mais nous gémissons sur les belliqueux Danaens qui vont périr par une destinée mauvaise. Nous ne combattrons point, si tu le veux ; mais nous aiderons les Argiens de nos conseils, afin qu’ils ne périssent point tous par ta colère.

Et Zeus qui amasse les nuées lui répondit :

— Certes, au retour d’Éôs, tu pourras voir, vénérable Hèrè aux yeux de bœuf, le tout-puissant Kroniôn mieux détruire encore l’armée innombrable des Argiens ; car le brave Hektôr ne cessera point de combattre, que le rapide Pèléiôn ne se soit levé auprès des nefs, le jour où les Akhaiens combattront sous leurs poupes, luttant dans un étroit espace sur le cadavre de Patroklos. Ceci est fatal. Je me soucie peu de ta colère, quand même tu irais aux dernières limites de la terre et de la mer, où sont couchés Iapétos et Kronos, loin des vents et de la lumière de Hélios, fils de Hypériôn, dans l’enceinte du creux Tartaros.