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teur de chevaux, et que Hèphaistos a forgée avec soin, j’espère que les Akhaiens remonteront cette nuit même dans leurs nefs rapides.

Il parla ainsi dans son désir, et le vénérable Hèrè s’en indigna ; et elle s’agita sur son trône, et le vaste Olympos s’ébranla. Et elle dit en face au grand Dieu Poseidaôn :

— Toi qui ébranle la terre, ah ! Tout-puissant, ton cœur n’est-il point ému dans ta poitrine quand les Danaens périssent ? Ils t’offrent cependant, dans Hélikè et dans Aigas, un grand nombre de beaux présents. Donne-leur donc la victoire. Si nous voulions, nous tous qui soutenons les Danaens, repousser les Troiens et résister à Zeus dont la voix sonne au loin, il serait bientôt seul assis sur l’Ida.

Et le Puissant qui ébranle la terre, plein de colère, lui dit :

— Audacieuse Hèrè, qu’as-tu dit ? Je ne veux point que nous combattions Zeus Kroniôn, car il est bien plus fort que nous.

Et tandis qu’ils se parlaient ainsi, tout l’espace qui séparait les nefs du fossé était empli confusément de chevaux et de porteurs de boucliers, car Hektôr Priamide, semblable à l’impétueux Arès, les avait enfermés là, Zeus l’ayant glorifié. Et il eût consumé les nefs égales, à l’aide du feu, si la vénérable Hèrè n’eût inspiré à Agamemnôn de ranimer à la hâte les Akhaiens. Et il parcourut les tentes et les nefs des Akhaiens, portant à sa main robuste un grand manteau pourpré. Et il s’arrêta sur la grande et noire nef d’Odysseus, qui était au centre de toutes, afin d’être entendu des deux extrémités, des tentes d’Aias Télamôniade à celles d’Akhilleus, car tous deux avaient tiré sur le sable leurs nefs égales aux bouts du camp, certains de leur force et de leur courage. Et là, d’une voix haute, il cria aux Akhaiens :

— Honte à vous, Argiens couverts d’opprobre, qui n’avez