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fait ignorant, voyant l’extrême corruption de la République des Juifs, la jugea proche de sa fin, & crut qu’une autre devait renaître de ses cendres.

La crainte d’être prévenu par des hommes plus adroits que lui, le fit hâter de s’établir par des moyens opposés à ceux de Moyse. Celui-ci commença par se rendre terrible & formidable aux autres nations  ; Jésus-Christ, au contraire, les attira à lui par l’espérance des avantages d’une autre vie que l’on obtiendrait, disait-il, en croyant en lui  ; tandis que Moyse ne promettait que des biens temporels aux observateurs de sa Loi, Jésus-Christ en fit espérer qui ne finiraient jamais. Les Loix de l’un ne regardaient que l’extérieur, celles de l’autre vont jusqu’à l’intérieur, influent sur les pensées & prennent en tout le contre-pied de la loi de Moyse. D’où il s’ensuit que Jésus-Christ crut, avec Aristote, qu’il en est de la Religion & des États comme de tous les individus qui s’engendrent & qui se corrompent ; & comme il ne se fait rien que de ce qui s’est corrompu, nulle Loi ne cède à l’autre qui ne lui soit toute opposée. Or, comme on a de peine à se résoudre de passer d’une loi à une autre, & comme la plupart des esprits sont diffi-