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leur vie de la même façon que nous. Quant à l’esprit, on veut que Dieu animât bien plus celui des Prophètes que des autres hommes, qu’il se communiquât à eux d’une façon toute particulière : On le croit d’aussi bonne foi que si la chose étoit prouvée  ; & sans considérer que tous les hommes se ressemblent, & qu’ils ont tous une même origine, on prétend que ces hommes ont été d’une trempe extraordinaire , & choisis par la Divinité pour annoncer ses oracles. Mais, outre qu’ils n’avoient ni plus d’esprit que le vulgaire, ni l’entendement plus parfait, que voit-on dans leurs écrits qui nous oblige à prendre une si haute opinion d’eux  ? La plus grande partie des choses qu’ils ont dites est si obscure que l’on n’y entend rien, & en si mauvais ordre qu’il est facile de s’apercevoir qu’ils ne s’entendoient pas eux-mêmes, & qu’ils n’étoient que des fourbes ignorants. Ce qui a donné lieu à l’opinion que l’on a conçue d’eux, c’est la hardiesse qu’ils ont eue de se vanter de tenir immédiatement de Dieu tout ce qu’ils annonçoient au peuple  ; créance absurde & ridicule, puisqu’ils avouent eux-mêmes que Dieu ne leur parloit qu’en songe. Il n’est rien de plus naturel à l’hom-